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  • Le Poisson Volant

Dom Manuel I et Joaquim Nabuco : l’Alpha et l’Oméga de l’Empire brésilien


Parfois, le destin, l’Histoire, ne tient qu’à un fil. Les biographies historiques du Poisson Volant auraient voulu le faire exprès qu’elles n’y auraient pas mieux réussi. Maintenant que ces cinq œuvres sont publiées, que je sors de leur cadre pour contempler le grand tableau de l’Histoire, je m’étonne du lien improbable et pourtant très étroit entre la toute première d’entre elles, « Dom Manuel : un prince de la Renaissance », et la dernière en date, « Joaquim Nabuco : les salons et les rues ». A priori, rien à voir.

Si entre Dona Isabelle (impératrice du Saint-Empire romain germanique), Dom Henri (instigateur des Grandes Découvertes), et Dom Manuel I (roi Bienheureux aux portes de l’empire universel), on parlera de la petite histoire, quoique déjà extraordinaire, entre le monarque portugais et l’abolitionniste brésilien, c’est la très grande histoire qui est en marche. C’est le pouvoir de deux hommes passionnés qui ont changé le monde. Mais quels sont les points communs qui unissent ces deux hommes ? L’un de la Renaissance flamboyante, et l’autre de la fin de l’empire décadent ?

D’abord, une différence de taille : l’immense monarque (quoique tout petit homme) a peut-être fait la guerre et imposé son nom sur tous les continents, il n’est jamais sorti des frontières de son tout petit royaume (sauf escale castillane dans sa prime jeunesse). Joaquim Nabuco, lui, a eu la fièvre voyageuse, un peu aux frais de la princesse (littéralement), parfois. Et pourtant, chacun à leur manière, l’un en regardant les étoiles, l’autre en s’affligeant de ce qui se passait à sa porte, ils ont été visionnaires.

Dom Manuel a compris que le monde était plus grand, et Joaquim Nabuco que l’homme pouvait être meilleur. Plus grand que le Portugal continental : l’Afrique, l’Inde des épices, la Chine, le Nouveau Monde ; et l’homme meilleur, plus spirituel et plus respectueux de la vie et de l’âme humaine. Comme l’un a posé chacune des pierres du magnifique monastère des Hiéronymites à Belém sans savoir, peut-être, quel héritage majestueux il laisserait à l’humanité et quel hommage grandiose il rendait à la mer nourricière, l’autre a défait, au fil des lignes de la Loi d’Or, l’emprise de la monarchie qu’il chérissait tant et ainsi sapé les bases de l’empire.

Alors que Dom Manuel, élu de Dieu et de la Roue de la Fortune qui n’a pas hésité à décimer ses aïeux et ses frères et sœurs chéris pour le placer sur le trône du Portugal, se plaisait en héros messianique à l’image du roi Fondateur, Joaquim Nabuco est mort seul, chez lui, alors que le dernier des rois portugais était assassiné à Lisbonne. Bon, il y a bien eu rapidement le très inexpérimenté Dom Manuel II par la suite, mais sans arriver à la cheville de son illustre homonyme. Comment aurait-il pu ? Ne lui en voulons pas.

Si l’un a, en quelque sorte, créé l’esclavage au Brésil et que l’autre l’a aboli, que dire alors de cette date, le 13 mai, signature de la Loi d’Or et Corpus Christi à la Renaissance (à quelques semaines près), date de naissance de Dom Manuel (au passage, le 13 décembre, date de la signature du traité de Lisbonne, est sa date de décès). L’un était si passionnément international, quoique très à l’aise à l’écart du monde extérieur, et l’autre si dramatiquement européen, amoureux de Londres et touché en plein cœur par l’amour de ses confrères portugais, qu’on ne peut occulter une certaine résonance, même à contretemps, entre ces deux destins magnifiques.

« Dom Manuel : un prince de la Renaissance », de João Paulo Oliveira e Costa, éd. Le Poisson Volant, disponible en ebook et papier.

« Joaquim Nabuco : les salons et les rues », d’Angela Alonso, éd. Le Poisson Volant, disponible en ebook et papier.

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